La fonction de conseil, ou l’obsédante mission
C’est une fonction incontournable aujourd’hui, où les gens se cherchent, sans la coupable interdiction de nos parents, qui pensaient que la vie était simple.
Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et l’on peut avoir besoin d’accompagnants sur ce fleuve de contradictions.
Pourtant, il peut s’avérer difficile de faire un choix , parmi tout ce qui est proposé en développement personnel. Je ne crois pas aux « écoles » pour ma part : plus exactement je ne crois pas qu’un diplôme puisse faire autre chose qu’orner le mur de votre cabinet. Parce que conseil en relations humaines, c’est bien autre chose. Il faut aimer les autres, il faut les aimer même dans leurs zones d’ombre les plus ravageuses, pour être un bon guide.
Oui je préfère le terme de guide, ou d’accompagnant à celui de coach, emprunté au vocabulaire sportif, et qui sous entend un esprit de compétition, qui ne me semble pas adapté à celui ou celle qui veut simplement faire que sa vie ait un sens. Ou bien le trouver ce sens, et le garder.
Coach de vie, actuellement terme en vogue, me fait sourire : en effet, coach de mort, c’est déjà moins évident !
Il faut, pour recadrer une existence qui a basculé, remettre les choses à leur juste place. Et cela commence par la terminologie.
Psy, accompagnant, thérapeute, écoutant, consultant, etc, révèlent déjà l’ambiguïté dans un monde en pleine révolution. N’oublions pas que le patient qui cherche réponse alors qu’il est dans une spirale chaotique, n’a pas forcément les idées assez claires pour choisir.
C’est la première des difficultés et elle n’est pas mince, pour trouver qui va vous aider, vous soutenir ou vous pointer vos faiblesses dans un discours souvent haché, et pour cause, la personne qui consulte étant dans le doute, si elle n’est pas perdue complètement.
Mon premier conseil sera de ne pas se fier, pour une fois, aux amis et connaissances. Pas plus qu’à l’annuaire ! Trouver son accompagnant sur un annuaire m’a toujours paru quelque chose d’inouï ! même si l’on a changé de domicile, ou de région, ne remettre sa destinée qu’à ce « hasard », me paraît plus qu’aléatoire : c’est dangereux.
De même que se brancher sur un site tel que Doctissimo, où chacun y va de son refrain, pour conseiller tel ou tel, et ce d’après ses expériences personnelles.
En développement personnel, justement, ce n’est pas l’expérience du voisin qui compte : mais la vôtre.
Revenir à l’individu : comme chaque fois, il faut repartir de la base. Vous pour revenir à vous. Que votre belle-sœur ait consulté sur Paris un être fantastique, ne changera rien à votre propre parcours. On sait seulement qu’il existe sur Paris un être fantastique (du point de vue de votre belle-sœur) et au besoin vous pourrez vous en souvenir si un jour vous devenez parisien. Sauf que vous habitez la Province, et que vous n’avez ni le temps ni les moyens pour faire le trajet 4 fois par mois !
Le développement personnel, est avant tout une volonté. Une volonté d’action sur votre propre expérience de vie. A ce titre elle doit rester une recherche éminemment individuelle, et ce pour deux raisons majeures :
-Si vous persistez à demander autour de vous qui va pouvoir vous éclairer, le risque est que votre premier élan s’essouffle. Il faut au contraire concentrer ce brin de volonté, souvent difficile à allumer au feu de la conviction, sinon de bavardages en avis plus ou moins objectifs, vous finirez par renoncer.
– Secondement, tout comme pour un vêtement ou une paire de chaussures, ce qui va parfaitement à l’autre, peut être inadapté à vous. C’est là que commence la prise de conscience évidente : il arrive un moment où l’on est seul face à soi-même et seul face à la décision.
Le patient étant fatalement celui qui a perdu ce pouvoir de décider de sa vie !
Que faire pour éviter l’erreur ?
Aller à l’information mais par des chemins balisés. Ce sera par exemple votre médecin de famille (le fameux référent) qui vous orientera en vous donnant une ou deux adresses valables auxquelles vous pourrez vous fier. (De même le pharmacien est souvent le mieux placé pour cela, en lisant votre ordonnance).
Éviter ensuite de chercher sur le net tout ce qui a pu être dit, à tort ou à raison, sur ladite adresse et ladite personne. Cela ne sert à rien. Répétez vous que reprenant votre existence en main, vous avez le pouvoir de décision. Si un tel ne vous plaît pas, si vous ne parvenez pas à vous faire entendre, si vous avez le sentiment de ne pas avancer, et cela arrive fréquemment, vous pouvez changer de crèmerie ! ou plutôt d’accompagnant.
Vous n’êtes liés par aucune chaîne à cette personne, qui est humaine, et peut donc avoir ses failles.
Le pouvoir de dire non :
Nous arrivons ainsi au premier des obstacles en développement : la notion de confiance. Savoir que à tout moment, vous pouvez sortir de cette relation entre écoutant et écouté, c’est un confort dont il ne faut pas se priver. C’est de cette confiance et de ce confort que vont dépendre vos résultats.
Ainsi ai-je autrefois perdu 3 ans, avec un psy que je n’avais jamais senti, qui en dehors de nos séances, se révélait être un homme grossier, perdant vite ses moyens, et engueulant copieusement sa secrétaire devant tous ses patients, l’insultant même ! ce qui m’était montré à ce moment-là, mais j’étais trop jeune pour le concevoir ainsi, c’est que quelqu’un qui a une éthique ne saurait se montrer agressif ou violent, alors qu’il fait profession d’atténuer votre malaise existentiel !
C’est d’ailleurs ce même homme qui m’a proposé ses « services » autrement, et allant là encore dans le sens contraire de la neutralité, en me demandant de devenir sa maîtresse alors qu’il était marié.
Le pouvoir de dire non, nous ne l’avons pas toujours dans ces instants, d’abord parce que l’effet de surprise joue son rôle et surtout parce que ébranlés par ces contradictions, nous restons figés ! Le monde médical n’est pas tout rose, ni tout blanc, comme ses blouses : il a ses failles et cette situation que je décris, pour l’avoir vécue, n’est pas rare. On oublie son habit et son serment d’Hippocrate pour des considérations d’un autre étage, en dessous de la ceinture.
Moi j’ai dit non ! ouf ! mais l’humiliation et le sentiment d’avoir été joué peuvent demeurer longtemps et bloquer une avancée avec quelqu’un qui saura respecter les règles.
Une fois le choix effectué, s’y tenir :
Une des principales causes d’échec, reste les velléités du patient. On a toujours une bonne excuse pour louper sa séance. On a oublié. On a eu plus urgent etc…. Les écoutants le savent qui mettent sur leur agenda, les rendez-vous au crayon ! bien sûr tout le monde peut avoir une angine aiguë ou se trouver dans un embouteillage monstre à l’heure de sa séance. Mais vouloir la guérison, c’est aussi se battre pour arriver à l’heure.
J’ai eu ainsi une patiente qui systématiquement annulait ses rendez-vous une demi-heure à l’avance ou même ne prévenait de rien. Je l’ai observée longtemps.. Elle m’appelait par contre en urgence, en général le dimanche soir, à bout d’angoisse.
Il a fallu trancher. Je ne l’ai plus acceptée et lui ai conseillé d’aller chercher ailleurs quelqu’un de plus approprié (je doute qu’il ait existé), et ce malgré son désarroi.
La confiance oui, et le respect mutuel restent les bases de la relation entre patient et guide. Un accompagnant qui ne sent pas respecté ne saurait vous offrir le meilleur de sa compassion ni de son écoute : ça tombe sous le sens, et là encore nous nous éloignons de la guérison qui est le but.
Une fois le guide identifié comme bon, peut commencer le travail de fond qui vous mènera vers la lumière. Long est le chemin et les obstacles difficiles. Le découragement gagne souvent celui qui voudrait résoudre un problème majeur, d’autant plus qu’il dure depuis si longtemps que, c’est le cas de le dire, on n’en voit plus le bout !
L’un de mes conseils sera le suivant : allez à votre rythme. N’essayez pas de zapper les étapes, même si elles peuvent sembler inutiles. C’est cela le travail de construction de soi : on ne peut planter le drapeau sur le toit, avant d’avoir monté les murs, et avant de monter les murs, il y a les fondations.
Fouiller est ardu, douloureux même. Si vous n’êtes pas prêts à regarder en face une réalité peu engageante, remettez à plus tard votre thérapie. Si vous n’avez pas le temps matériel de l’entreprendre, également.
Il faut du temps pour soi. « Deviens ce que tu es », contient, le donne-toi le temps pour devenir ce que tu es, ou désires être.
L’autre conseil qui fait pendant à celui-ci : évitez la dispersion.
Je vois avec perplexité des personnes qui vont partout, essaient toutes les techniques, toutes les voies, pour s’en sortir plus vite ! ce n’est pas ainsi que fonctionne le mécanisme de guérison intérieure. Ce serait trop simple ! ce serait comme si, en fréquentant trois écoles ou universités, vous pensiez obtenir un meilleur diplôme et trouver plus vite un bon travail !
De surcroît, ces patients affolés s’exposent encore davantage à des complications, du fait qu’ils ne savent plus qui croire, ni que croire, par une avalanche d’informations dont ils n’ont que faire. Il en résulte souvent une perte de leur identité, volontiers récupérée par ceux qui n’ont aucune éthique de leur profession, autrement dit les charlatans et profiteurs en tout genre qui ne manquent pas dans ces voies inexpliquées de la conscience.
Du côté du conseil :
Et qu’en est- il de nous, qui souvent par honnêteté, nous posons la question de savoir si nous sommes biens placés pour en donner ?
Tout accompagnant doit être accompagné, coaché, suivi, analysé et supervisé par un autre.
C’est un impératif, car les cas lourds sont légion et qu’il faut souvent les réexaminer à la loupe d’un autre, moins impliqué, qui saura remettre les pendules à l’heure.
La frustration :
La fonction de conseil est frustrante. Il ne faut pas s’en cacher. Elle est même souvent dangereuse pour l’équilibre nerveux et quotidien de celui qui en fait profession.
Là encore certains crieront au loup, mais je persiste et je signe : ces professions n’ont rien d’anodin. On a la vie des gens entre les mains. On a leurs larmes, on la leurs yeux tendus, leur regard perdu, leurs épaules rentrées comme signes de détresse.
Comme dans tout corps de métier, il y a ceux qui sont excellents, bons, moyens, ou zéro.
Les zéro sont souvent ceux qui ne doutent de rien et surtout pas d’eux-mêmes. Ce sont aussi ceux là qui n’aiment pas assez la vie, ni les gens, pour pouvoir orienter et pousser vers des vents favorables. Bien souvent ils s’estiment à la hauteur, bardés de diplômes ou arrivés au sommet par des réputations fausses.
(On peut aussi acheter ses diplômes sur le net : j’ai eu ainsi un patient qui se faisait plumer littéralement par un homme qui était censé en avoir 16, venant des U.S.A, ce qui vient des États Unis ayant quelque part un panache, que le modeste praticien français n’a pas). Au bout de plusieurs mois d’errance, il vint un jour me voir triomphant, en disant :
Ce type est extraordinaire : il m’a révélé que j’avais un problème avec ma mère !
Ce que n’importe qui aurait pu voir au bout d’une séance.
Mais cette expérience avait d’autres charmes : mon ami partait pour la journée à Cannes, ville côtière de prestige, il dépensait beaucoup d’argent, donc il le valait bien !
et ses escapades hebdomadaires lui donnaient le sentiment d’être très important, accompagné qu’il était par un homme aux 16 diplômes américains !
Souvent les consultants se plaignent d’avoir été blackboulés par des êtres peu scrupuleux dans la quête entreprise. N’ont-ils pas une part de responsabilité dans ce simple fait de s’offrir au plus en vue, au plus diplômé, au plus beau, au plus médiatisé ?
Si l’habit ne fait pas le moine, dans la fonction de conseil, il faut seulement savoir repérer une chose : vos séances vous font-elles progresser ? vous sentez-vous mieux ? vous font-elles du bien et les choses s’arrangent-elles pour vous au fil des semaines ?
si oui, alors vous avez su trouver le bon guide : gardez-le !
Pourquoi on échoue ?
Malgré une recherche qualitative, les consultants font souvent la moue lorsqu’on leur demande ce que leur travail a donné.
C’est assez naturel, disons c’est humain. Car il réside toujours une part de choses non résolues dans cette vie. Nous quitterons la planète terre sans avoir trouvé de vraie solution à un vrai problème. Nous n’aurons pas tout dit de ce que nous aurions souhaité dire. Nous n’aurons pas été aimés ou reconnus comme nous le voudrions tous.
Il y a des limites à une thérapie. Elle ne changera pas le passé, elle peut seulement modifier un présent, et faire espérer un avenir plus construit, donc limiter les dégâts d’une existence livrée aux aléas et aux décisions brusquées.
Ensuite il y a l’ignorance : les psys classiques voient souvent arriver dans leur cabinet des personnes qui croient régler leurs problèmes en 3 séances, surtout par le conseil qui leur sera donné ! or certains psys ne parlent que peu, c’est vous qui êtes censés vous raconter !
Les patients se plaignent alors que leur psy reste muet, soit froid, et lointain, et n’aie donc pour eux aucune efficacité.
Nombreux sont ceux aussi qui sont là sans envie véritable, ou pour de mauvaises raisons : entreprendre une thérapie de couple, alors que l’on est sur le point de divorcer à seule fin de récupérer son ex est un cas hélas classique, et on peut parier que cela ne donnera rien.
Enfin, le conseil n’est pas souvent suivi ou mis en pratique ! pour beaucoup il est encore du domaine de la théorie pure, et impossible à appliquer au quotidien. C’est aussi pourquoi on a souvent le sentiment, côté conseil de prêcher dans un désert, et de l’autre, de payer une prestation inutile ! Non seulement, le conseil n’aura servi à rien, mais encore le patient n’en fait souvent qu’à sa tête, c’est à dire, le contraire de ce qui a été suggéré !
L’âme humaine, pour qui s’est réellement penché sur le sujet, offre le plus souvent ces contradictions. Deux et deux ne font pas quatre dans notre monde. Et les mathématiques ne résolvent pas un problème lié à la condition humaine proprement dite.
Comme disait ma prof de philo : c’est sui generis, c’est à dire lié à l’espèce humaine proprement dite, que de se tromper. Et l’erreur est humaine.
Le manque spirituel :
Pour moi, personnellement, les cas d’échec sont liés à ce que je nommerais le manque spirituel, ou le manque de ce troisième plan de la conscience, souvent oublié qui est pourtant ou devrait être le socle de notre existence.
La théorie ne suffit pas à sauver une âme. Il faut plus que cela, il faut l’Amour.
Un accompagnant qui serait lui-même en manque de cet amour universel, de cet Agapè, ne saurait être un guide fiable.
Le monde moderne a exclu ce plan, comme inexistant, ou même utopique. Et pourtant, ne soigner que le physique et le mental ne sauraient suffire.
C’est en termes de mission que nous devons penser désormais la guérison. Car le monde moderne produira de plus en plus de malades, hélas.
La société n’a pas réussi, en dépit de toutes ses tentations matérielles à rendre les gens heureux.
Nous autres, guides spirituels, magnétiseurs, énergéticiens, ostéopathes, réflexologues, iridologues, naturopathes, chiropractors, kinésiologues, et j’en passe, dans notre domaine souvent si décrié, savons au moins cette chose : on ne guérit que par l’amour, que l’on porte à son patient, bien plus que par un don ou une compétence.
L’ingrédient numéro un est la relation d’amour de l’autre, et tant que l’esprit de chacun n’en sera pas pénétré, nous n’avancerons pas très vite sur le chemin de la Guérison.
Alors, forts de cela, sachez porter votre choix sur un accompagnant qui se montrera digne de la grande loi cosmique qui régit ce monde. Rien n’a été fait sans l’amour. Rien ne se fera sans lui.
Bonne route, amis !
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