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Bardot

Journée de la femme : ce que les quinquas ont gagné

Je me souviens que l’on fêtait déjà le 8 mars, quand j’étais jeune fille. Féministe convaincue, j’étais heureuse et fière d’avoir notre jour ! La solidarité féminine c’est cela : s’entraider, en se confiant, en se donnant la main dans les moments cruciaux de l’existence.

C’est cette transmission qui dure, qui est fêtée et mérite d’être à l’honneur. Toutefois, nous autres, quinquas souvent imprégnées du MLF, quelle chance ne nous a-t-elle pas été donnée en progrès ascendants, surtout en médecine ? Un regard attendri et pourtant lucide sur tout ce que nos mères n’ont pas eu !

Un peu d’histoire :

Cette journée du 8 Mars a été officialisée en 1977 par les Nations Unies, Journée Internationale des Femmes. Elle renvoie aux luttes ouvrières et suffragettes du début du XXème siècle : déjà on songeait à la parité !

C’est paradoxalement Lénine, qui décrète le 8 Mars 1921, Journée des Femmes. Dans notre cher pays de France, souvent en retard, c’est seulement le 8 Mars 1982 qu’est proclamée cette journée mémorable.

En tant que quinqua, je suis passée à autre chose que le féminisme pur : je pense qu’il n’est guère compatible avec une vie de couple, et puis aussi généralement, qu’il n’est pas toujours indispensable d’afficher nos convictions.
Seulement c’est un combat permanent , pour s’imposer, une lutte sourde de tous les instants. L’égalité n’est pas pour demain, ni en matière de travail et de rémunération, ni même en tant que personne humaine : elle est donc pour après-demain !

Ce ne sont pas les hommes seulement qui bloquent notre avancée : c’est la structure même de la société, qui a été faite d’abord et avant tout par et pour des hommes. On n’avait pas réellement pensé que la Femme prendrait cette importance aussi capitale dans le monde moderne. C’était réservé à une élite, à des Simone de Beauvoir, à des ministres de la condition féminine ! mais on n’avait pas vraiment réalisé que la Femme a ce rôle de prépondérance que la Nature lui a accordé : donner la vie.
En italien on dit : dare la luce : c’est à dire, donner la lumière du jour, donner la naissance à un être.
C’est sur ce plan, indiscutable, que la Femme a engagé, dès Eve,  le combat.
Pour moi il y a donc seulement une célébration qui n’a pas été faite à son honneur. Il s’agit, spirituellement, de cet acte de reconnaissance que quelques hommes éminemment évolués font avec élégance et humilité ! Puisqu’ils sont issus de nous !

Afin de ne choquer personne, je m’arrêterai là.

Nos mamans, elles, que nous ayons avec une relation harmonieuse ou conflictuelle, n’ont pas toujours eu la chance d’être reconnues. On les a oubliées, sinon malmenées,  par des exigences qui pour être naturelles n’en sont pas moins outrageantes. Elles ont travaillé dur, pour presque rien, dans les champs, dans les usines, ou en restant au foyer. Elles ont fait des enfants, sans le désirer. Et l’amour sans le désirer. Elles ont dû assumer des maris alcooliques, des infidèles et elles ont courbé le dos, silencieuses, devant autant d’obstacles à l’accomplissement  qui est le droit fondamental de tout être.
Il y a finalement peu de temps que l’on parle autant de développement personnel, encore moins qu’on le pratique.
A l’époque de nos mères, aller voir un psy, si psy il y  avait dans le périmètre, était de l’ordre de la folie.
On ne se penchait guère sur leurs états d’âme ni sur leurs besoins en matière de santé ou encore de bien-être !

Il est normal que ce jour leur rende hommage.

Les progrès majeurs :

C’est en médecine que les femmes ont gagné le plus de liberté. Elles ont enfin pu utiliser des droits, à travers des structures telles que le Planning familial par exemple. On a véhiculé cette notion fondamentale de la liberté de leurs corps dans une optique de réalisation, tout comme pour un homme.

La loi Simone Veil, en particulier, a enfin permis à la fragilité féminine d’être entièrement exprimée : le 17 Janvier 1975, on a enfin droit à  l’I.V.G ! non sans peine, non sans débats. Mais cela met un terme à des pratiques malheureuses : faiseuses d’anges, médecins charlatans, voyages en Suisse, dans la culpabilité, portant à la fois un enfant non désiré, et le déshonneur de l’acte répréhensible !

C’est toute une époque qui s’ouvre, de clarté, de transparence : la femme a enfin le droit de dire non. C’est son corps qui est respecté ; médicalement elle s’arroge un droit qui a de tout temps été celui des hommes, qui se l’appropriaient volontiers pour leur simple plaisir. Désormais la femme aura aussi du plaisir, et la possibilité de choix.
C’est le progrès numéro un dans ce processus d’évolution, où la Femme, je le crois, aura un jour la première place.

Bien entendu, la pilule contraceptive, avait été auparavant autorisée en France, via la loi Neuwirth, adoptée en 1967, mais elle ne sera remboursée par la Sécu qu’en 1974.
Évidemment le chemin est long, il s’agit de faire bouger les consciences ! et selon le milieu et les conditions de vie, la pilule fera son chemin avec plus ou moins de bonheur. On l’a notamment beaucoup diabolisée, en lui imputant en particulier un risque accru des cancers du sein. Il n’en est rien. Même si la pilule a connu beaucoup de détracteurs, elle reste le premier contraceptif utilisé. On l’a ensuite modifiée et améliorée, notamment en micro-dosages, afin de diminuer ses effets secondaires : nausées et prise de poids par exemple.

Elle a permis aux jeunes filles que nous étions alors, d’examiner notre propre champ d’action : en effet, le Sida n’était pas encore l’ennemi public numéro un : il s’agissait avant tout d’avoir des rapports sans tomber enceinte pour les désormais quinquas ! ouf ! un vrai soulagement, même si ça ne fait pas toute l’histoire. L’inventaire personnel de ce qui fait plaisir  dans la sexualité, est beaucoup plus compliqué que ça ! et les sentiments aussi.

Je crois malgré tout, c’est ma touche perso, que l’on ne peut pas tout planifier cependant : ce serait bien trop simple, et l’oubli de la pilule, ou les contradictions devant un choix complexe dans un divorce par exemple, ne sont pas pour autant résolus. Les enfants naissent, souvent par un simple oubli,  la sexualité reste un processus mystérieux, et l’avortement pas toujours une partie de plaisir, même si le milieu médical est passé à l’acte sans trop de tentatives de culpabilisation.

Pour celles qui malgré tout, auraient passé sur ces indéniables considérations, la pilule du lendemain a été lancée sur le marché en Juin 1999. Dite contraception d’urgence, ou de rattrapage (comme au bac) ! elle doit être prise très tôt après le rapport sexuel non protégé et maximum dans les 5 jours qui suivent. Le NorLevo est en vente libre en pharmacie, et gratuit pour les mineures. D’après ce qui m’a été rapporté par une cousine, secrétaire de médecin scolaire sur Marseille, c’est souvent que les jeunes filles y ont recours. Les infirmières scolaires en donnent à ces très jeunes qui manquent d’expérience et d’information. Cela évite pas mal de drames familiaux, et une maternité dont on ne sait souvent que faire alors que l’on est soi-même une enfant.

Puisque nous en sommes au contraceptif, le stérilet vient tout naturellement après : on ne peut le poser que lorsque l’on a eu une première grossesse. Les stérilets de l’ancienne génération n’ont pas toujours été d’une grande efficacité, mais aussi et surtout comprenaient nombre d’effets indésirables : règles longues et abondantes, douleurs abdominales et pelviennes, mal-être.
Une vraie révolution a été le Mirena, stérilet hormonal, qui a supprimé tous les inconvénients des précédents !
C’est une gynéco qui m’en a parlé et je l’ai adopté sans tarder. Plus de règles, pas de prise de poids, aucune nausée, cela a été la super bonne surprise de la quarantaine pour moi. Non seulement par l’effet libérateur, mais la suppression du syndrome pré-menstruel a contribué à me redonner le goût et la vigueur nécessaires à une efficacité perdue en temps de règles.

Mon conseil aux quinquas :

Mesdames, si vous avez des soucis avec votre cycle, si vous êtes d’humeur noire ou massacrante, Mirena est particulièrement indiqué pour nous, en pré ménopause. Il évite les inconvénients tels que les hémorragies. C’est le confort assuré. Placé pour 5 ans, il se laisse oublier dès la pose. Au bout d’environ deux ou trois mois, lorsque la muqueuse est imprégnée, on n’y pense même plus ! (faire un frottis par an toutefois, mais ça c’est avec ou sans stérilet !). Finies les frustrations, bonjour les baignades  en été, non stop, sans se soucier de rien.

Le plus :

Et votre partenaire découvre, avec ravissement, que une femme qui n’a plus de règles, c’est une joie incomparable et un ajout à une sexualité satisfaisante pour les deux.
Ne pas oublier que pour un quinqua homme, qui a connu toutes ces étapes avec plus ou moins d’enthousiasme, qui a souvent eu lui aussi des enfants par surprise, qui n’a pas toujours eu le désir d’être être père à 20 ans, qui n’a pas forcément connu l’insouciance d’une sexualité libérée, toute cette liberté doit et peut être vécue à deux.
On en a fait du chemin, et le couple a désormais une entière liberté de choix à travers ces progrès. La Femme en a souvent fait les frais, des siècles durant. Mais le couple y a gagné en complicité et en dialogue.
Il faut transmettre aux hommes en effet, ces progrès fascinants, car ils n’ont pas très souvent l’occasion de s’y intéresser.

Ce que veulent les femmes, à travers cette journée qui leur est octroyé, c’est peut-être et surtout, ce désir de faire passer le message. Rien ne se fait sans un combat, mais lorsqu’il se gagne, c’est la liberté de chacun qui s’en trouve sublimée.

 

L'auteur : Quinquageniale

"C'est finalement au plus fort de l'hiver que j'ai compris qu'il existait en moi un invincible printemps".


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